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La maison Pierre Frey

Au delà du tissu, la maison Pierre Frey défend un état d’esprit, une vision, une philosophie, et focalise son développement sur le dessin, tout en restant fidèle aux valeurs qui l’ont nourrie et à sa passion pour la création.


Patrick Frey (au centre), fils unique du fondateur, et ses trois fils (de gauche à droite) : Matthieu, Vincent et Pierre.


Pierre Frey, c’est toute la beauté de l’imprimé, des couleurs, des jacquards, des damas, des moires, des lins, des cotons, des soies et des laines naturelles. C’est également tout un savoir-faire au service de la belle ouvrage. Depuis plus de quatre-vingts ans, la maison participe à la décoration des plus somptueuses demeures du monde et d’établissements publics, hôtels, ambassades, palaces, musées et institutions culturelles. « Nous ne sommes pas des décorateurs, mais des fabricants de tissus », relativise Patrick Frey, fils unique du fondateur, pour lequel la transmission reste une valeur fondamentale, surtout dans une entreprise familiale. En témoigne la collaboration de Vincent, l’un de ses trois fils, en tant que directeur général du groupe, de Pierre, l’aîné, responsable de la création de Boussac et directeur de la communication, et celle de Matthieu, le troisième, basé à Singapour, aux manettes du développement de la filiale asiatique qui couvre treize pays.




« Aujourd’hui, nous focalisons notre développement sur le dessin fait main, reprend Patrick Frey, sur le papier peint et le revêtement mural, mais aussi sur le meuble textile, la moquette et le tapis sur mesure. C’est-à-dire que nous travaillons de plus en plus sur une offre globale. » Patrick Frey


Pierre Frey, c’est 7 000 références, dont de 400 à 500 nouveautés par an, 5 000 coloris, 1,5 million de mètres de tissus vendus par an et 85 modèles de canapés : 70 % du chiffre d’affaires est réalisé à l’international. Depuis le début, la griffe véhicule dans le monde entier l’excellence à la française, vertu qui a attiré sous son aile d’autres grandes maisons défendant le même savoir-faire : Braquenié, qu’elle a rachetée en 1991, avant Fadini Borghi et Boussac, en 2004, et Le Manach en 2013.




Pierre Frey voit le jour à Douai en 1903. Premier emploi à 17 ans, en tant que coupeur pour les tissus d’ameublement Burger, à Paris. En 1933, il reprend la direction de la maison Lauer et rencontre le dessinateur Jean Chatanay avec qui il fonde sa première société en 1934, Chatanay et Frey. Édités par deux décorateurs, Jacques et Henri Barroux, les premiers imprimés voient le jour. Fort de ce succès, Pierre Frey rachète les parts de son associé, fonde la maison Pierre Frey en 1935 qui s’installe l’année suivante à son adresse définitive. Dans les années 50, il fait preuve d’une créativité débordante. L’enseigne commence à exporter ses créations en Suisse, en Angleterre, en Belgique et aux États-Unis.


En 1969, Patrick, son fils, rejoint la société. Il devient directeur de la création en 1975, puis président l’année suivante. La fibre du beau et la passion pour les arts décoratifs lui ont été également transmises par sa mère, Geneviève Prou, artiste textile et femme de goût qui avait travaillé pour la maison et dont le père, René Prou, était un décorateur renommé dans les années 30. Nouvelle consécration en 1976 : Pierre Frey fait partie du Comité Colbert. Passionné par les rencontres, les voyages, les livres et les arts de toutes sortes, Patrick Frey, confirmant son talent de visionnaire, lance sous sa griffe, de 1983 à 1997, des lignes d’accessoires, de sacs, de vaisselle, de carrelage, de coussins, de nappes et autres foulards. Son premier showroom, dessiné par Andrée Putman, date de 1980. Neuf ans plus tard, la maison rachète l’usine de tissage Denimal, anciennement Margueroy, fondée en 1938 dans le nord de la France, aujourd’hui labellisée « entreprise du patrimoine vivant ». De nombreuses filiales voient le jour, aux États-Unis, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, en Italie, à Dubaï et, tout récemment, à Singapour.


À l’instar de son père qui faisait travailler les décorateurs d’Alavoine & Compagnie, de Mauny et de Beranger, mais aussi Charles de Beistegui, Elsa Schiaparelli, Jean-Denis Malclès, Jacqueline Guidoux-Desfontaines ou Geneviève Prou, Patrick Frey sollicite pour ses collections Ken Scott, le grapheur Toxic, Vincent Darré ou le studio Andrée Putman. Pendant de nombreuses années, il confie la communication à son épouse, Lorraine, et, en 2003, la responsabilité du patrimoine de la maison à l’historienne du textile Sophie Rouart, qui dirige un véritable petit musée abritant plus de 25 000 documents, allant du XVIe siècle à aujourd’hui. En 2016, nouvelle consécration avec l’exposition « Tissus inspirés, Pierre Frey », qui s’est tenue au musée des Arts décoratifs de Paris.


Esquisses de motifs bleus pour le travail préparatoire à la création d’une étoffe ou d’un papier peint.


Les collections sont toujours aussi fortes et originales, à l’image de la ligne de papiers peints « Guizhou », inspirée par le travail de broderie des femmes des tribus chinoises Miao, qui se coordonne au textile Maoming, en juste contrepoint de la ligne « Natecru », créée par Patrick Frey dans les années 80 et relancée en 2016, mélange de tons naturels et écrus, de lin, de laine, d’alpaga, de coton, de soie, de cachemire et de chanvre. Chez Boussac, la couleur est partout, de même que les motifs graphiques inspirés des eighties, qui s’harmonisent aux broderies réalisées sur des matières brutes. Magnifique également, la ligne de velours dessinée par India Mahdavi chez Pierre Frey, lequel a également signé le décor du bateau Cachemire, naviguant sur la Seine et sur sa belle histoire…


Article : IDEAT MAGAZINE

Auteur : Yves Duronsoy



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